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Lorsque j’étais gamin, au faubourg Isidore, j’habitais
tout au fond de la rue qui deviendra plus tard rue Amiral
de Grasse. Tout au long de cette rue d’une centaine de
mètres de long se trouvaient les maisons de mes voisins,
en majorité juifs. Le samedi matin en allant à l’école,
quelquefois avec Armand Chareix, nos voisins nous
attendaient pour allumer le réchaud à pétrole destiné à
chauffer le café, et après avoir fait notre B.A., on allait à
l’école les poches pleines de gâteaux et de ce fameux
pain juif qu’on nous donnait en remerciements. Je me
souviens que, avec Georgeot Aknine, nous allions
souvent, le vendredi soir, porter la tafina au four juif,
place Gambetta En parlant de réchaud à pétrole, je
salue mon ami Claude Ségarra, dont le père avait la
clinique des réchauds, rue de Tiaret, où on achetait les
bidons à pétrole en fer blanc, les becs silencieux ou
tapageurs et ces petites aiguilles qui servaient à
déboucher les gicleurs. On en a utilisé de ces réchauds à
pétrole, à un ou deux becs, et les kanouns ou
medjmars, ces petits foyers en terre cuite dans lesquels
on mettait des charbons ardents pour cuire la soupe. En
hiver, on les mettait sous la table pour nous réchauffer
pendant et après les repas.
Tafina : préparation culinaire juive,
consommée le samedi.
Kanouns ou medjmars : petits foyers en terre cuite dans lesquels
se consumaient des charbons ardents et de la braise.
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