LA GLUE

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par Gérard Cortés

LA GLUE


Après avoir fait la tournée des garages pour récupérer les chambres à air abîmées, de couleur rouge à l’époque, quelques morceaux de crêpe de chaussures chez les cordonniers, on fabrique la glue. On allume un petit feu de bois et dans une boîte de conserves, posée sur des tiges de fer en équilibre sur des morceaux de briques ou bien sur des cailloux assez gros, on coupe des morceaux de chambre à air, de semelles de crêpe, et au fur et à mesure que les morceaux fondent, on remet d’autres morceaux. Quand on juge la quantité de glue suffisante, on ajoute l’ingrédient magique : deux ou trois morceaux de résine d’amandier.
Le test d’efficacité est assez rapide : une fois la mixture refroidie, on enduit quelques brins d’alfa, on les frotte l’un contre l’autre. Si onressent une résistance, c’est que la glue est bonne. Maintenant, on choisit l’endroit et le jour pour aller aux chardonnerets, car plus cette glue repose, plus elle est efficace. C’est décidé ! On va au Petit Paradis. Le lieu se situe au dernier des trois tournants, route de Palikao. Cet endroit appartenait, me semble-t-il, à Monsieur BATOUCHE, un riche propriétaire de Mascara.
On arrive au dernier tournant et de suite à droite par un petit sentier, on quitte le bitume, les branches de quelques arbustes nous fouettent le visage et nous incitent à prononcer des jurons. On progresse et on découvre une clairière. Le parfum des fleurs d’acacia, de menthe sauvage (flio) et de chèvrefeuille nous remplit les narines, au milieu des chants d’oiseaux, avec ce soleil encore pas très fort, car il n’est que sept heures du matin. Au milieu de cette clairière, un mince ruisseau coule paisiblement. C’est là que nous allons positionner nos brins d’alfa enduits de glue en arceaux au bord du ruisseau. Une fois les brins posés, nous allons nous poster à vingt mètres plus loin, et là, avec une cage vide, on attend tranquille, sans bruit, guettant le moindre chardonneret, serin ou verdier qui viendra se ravitailler en eau et se poser sur les brins d’alfa, tout en mâchonnant un morceau de réglisse ou en grignotant des pépites de melon, séchées et salées.
Chaque fois que l’on capture un oiseau, on nettoie la glue de ses ailes avec du coton ou un chiffon imbibé d’alcool à brûler.
Technique de capture
Soit les brins d’alfa sont posés en pont sur le petit ruisseau et sont assez rapprochés. Lorsque l’oiseau vient boire, il a tendance à se poser sur les brins d’alfa, mais comme il a encore les ailes déployées, celles-ci se collent sur la glue et plus il se débat, plus il s’englue. Il est donc capturé.
Soit nous avons une petite cage avec un chardonneret à l’intérieur, que nous posons à même le sol, ensuite on englue en partie une ou deux branches sans feuilles que nous coinçons entre les barreaux de la cage. Le chardonneret sert d’appeau. En chantant, il attire les autres oiseaux qui viennent se poser sur la ou les branches et en se posant, leurs ailes s’engluent et ils sont capturés. Ne pas oublier que nous avions toujours notre estaque, prêt à fonctionner.
Salut à tous,