La hopa

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Par Pierre RUBIRA
 

Courant septembre, nous étions plusieurs enfants assis à l’ombre des mûriers, sur les bancs de la place de la sous-préfecture. Quand on entendait une camionnette qui peinait à monter la côte, l’un d’entre nous se levait et courait voir si ce n’était pas un camion chargé de raisin qui montait vers Saint-Hippolyte en direction de la cave viticole.

A la vue du camion chargé du précieux fruit, il criait : « La hopa ! la hopa ! » et comme une nuée d’étourneaux, on courait à l’assaut de la camionnette chargée d’une montagne de raisin.

A l’arrière du camion, juché sur le raisin, se tenait un gardien armé d’une longue baguette pour nous empêcher de grimper sur le véhicule qui peinait à monter la côte devant le Colisée. Nous avions mis au point un outil pour attraper le raisin : nous lancions sur le chargement un crochet, attaché à l’extrémité d’une longue ficelle. En le ramenant rapidement, des grappes s’y accrochaient presque à tous les coups. Le surveillant impuissant n’avait d’autre recours que de nous crier après, ce qui parfois attirait l’attention du gardien de la paix en faction, qui nous lançait de stridents coups de sifflet.

C’était devenu un sport dans le quartier.