Les Patos
Les "patos " avaient tendance à nous prendre
pour des demeurés ; ils savaient tout et mieux que tout le monde
, essayant de nous faire passer des vessies pour des lanternes .
Mais voilà , on acceptait parce qu'on était polis , mais on
n'en pensait pas moins.
Tous les ans , aux grandes vacances arrivait de Bretagne le fils
d'un commandant de Gendarmerie , Michel Lemancel. Il nous
retrouvait à partir de 13 heures chez LILI au café , au fond du
boulevard. On avait passé l'âge de faire la sieste , on
préférait jouer aux cartes avec une awa limon .
Chaque fois qu' il arrivait , ce Lemancel, c'était; moi ceci,
moi cela, moi par-ci moi par là, et quand une fille passait,
pour nous c'était un canon; mais pour lui c'était minable , en
Bretagne il en avait de plus belles et à la pelle. , On lui
demandait : tu n'en connais pas de moches toi. Il démarrait au
quart de tour , La dernière avec qui je suis sorti était superbe
, un corps de rêve - j'ai l'impression qu'il rêvait les yeux
ouverts en permanence - une poitrine , des yeux , bon , je suis
poli . Je vous laisse imaginer les délires et nous on lui posait
de plus en plus de questions faisant mine de croire à des "
bolas y bolas gordas ". Pensez donc , il se déchaînait .
Un jour j'en ai eu marre , bien que cela me faisait rigoler ,
j'ai décidé de lui donner une leçon.
" Tu vois Michel , je suis capable de te retrouver les quatre as
d'un jeu de cartes , uniquement au toucher . Si je ne réussis
pas , je paie une awa limon à tous , par contre si je réussis
c'est toi qui paies. Il accepta et Mme Alice nous porta le
breuvage à tous.
Je lève les bras au dessus de la tête et je commence le tour "
de magie " , feignant de reconnaître les as au toucher. .J'ai
réussi à trouver les 4 as , au grand étonnement des copains et
de mon ami LEMANCEL. Il s'exécuta et régla les awas limon.
J'en rajoutai une couche en lui pariant que pour le même enjeu ,
je pourrais retrouver les 4 ropis , mais cette fois ci , les
yeux bandés. Pari tenu . Même résultat , j'ai réussi à trouver
les 4 rois les yeux bandés.
Voilà mon LEMANCEL fort intrigué d'avoir payé une dizaine de
consos.
Puis se sentant un peu pris , il me demanda , mais comment as-tu
fait ?
Moi , je ne suis pas plus fort que toi , mais pour les as ,
chaque fois qu'un as apparaissait , Lucien Gallardo mettait la
cigarette à la bouche , et pour les rois , il disait " putain
quelle chaleur "
Voilà la leçon avait été donnée.
Alain COHEN
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