LOULOU JORRO

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 LOULOU JORRO... SOUVENIRS... SOUVENIRS

C’est avec une sincère tristesse que j’ai appris, il y a quelques mois la disparition de mon grand ami Loulou JORRO.
L’amitié qui nous unissait remonte loin dans le temps. Aussi
j’ai souhaité partager avec de nombreux rnascaréens qui
l’ont connu et aimé, le souvenir d’une mémorable composition
de gymnastique.
Assis à la même table en classe, réunis dans nos jeux à
l’extérieur, nous formions une paire d’amis inséparables.
La scène suivante se passe à l’E.P.S., cours Supérieur 2ème
année (pas de 6ème en ce temps là), le maître : Edouard
CHICHE.
De gymnastique, nous n’en faisions pratiquement jamais.
Or, un beau matin, le maître nous annonce :
« Aujourd’hui, composition de gymnastique. Allons au
gymnase. »
Le gymnase : une barre fixe, une barre parallèle, une corde
à noeuds, une corde lisse, une couche de sable recouvrant
tout le sol.
L’épreuve choisie : monter à la corde lisse (l’horreur !)
Un à un, avec plus ou moins d’aisance, les élèves s’exécutent
et le maître, en silence, inscrit la note obtenue.
Il annonce maintenant : « JORRO, à la corde ! »
Première surprise : JORRO ne s’élance pas comme ses camarades.
Avec un petit sourire malicieux, il s’assied sur le
sable, place la corde devant sa poitrine, les jambes tendues
à l’équerre, puis, toujours souriant, tire sur la main droite,
sur la main gauche, la droite, la gauche et toujours au même rythme, s’élève en souplesse. Arrivé en haut, de sa
main droite, il lâche la corde, donne une petite tape sur la
poutre du plafond et redescend de la même façon, la main
droite, la main gauche, la droite, la gauche et se retrouve
bientôt au niveau du sol.
Et là, mes amis, stupéfaction !
Toujours dans la position équerre parfaite, sans toucher le
sol, le voilà qui remonte : la main gauche, la main droite,
la gauche, la droite, une petite tape à la poutre, redescend
toujours à l’équerre et se retrouve bientôt assis à la même
position du départ.
Spontanément, tous les élèves applaudissent.
Le maître annonce : « JORRO : 20 » (20/20)
Après cet exploit, le hasard curieux de l’alphabet (JORROKLIFA)
m’appelait à entrer en piste.
J’entends encore la voix du maître :
« KLIFA ! à la corde ! »
Dans ma tête, les idées s’entrechoquent, se battent, se déchirent.
La corde lisse, cette horreur, comment faire pour
m’en sortir ? Restons calmes, je peux monter à la corde
avec l’aide des pieds. Essayons.
Je m’engage alors, les mains, les pieds, ça monte...
« Non ! Non ! Avec les bras seulement, clame le maître.
- Ah ! (en moi-même, ça c’est une autre affaire).
Une solution m’apparaît en un instant.
Je vais sauter, attraper la corde le plus haut possible et je
n’aurai plu qu’à tirer pour m’élever.
Sitôt dit, sitôt fait. Je lance ma main gauche bien haut, puis
la droite, puis...
Puis plus rien, je ne bouge plus...
Mes camarades m’encouragent :
« Allez, Robert ! Allez, Robert !                                                                         -J’voudrais bien, mais j’peux point. »
Mes mains restent scotchées à cette sale corde et, bien vite,
je lâche tout.
Cette fois, Monsieur CHICHE n’annonce pas la note et
moi, il ne m’a pas paru nécessaire de la demander.
J’ai voulu rapporter ce souvenir de classe pour souligner
qu’à treize ans à peine, Loulou JORRO se signalait par ses
dispositions sportives.
Dans les années suivantes, il représentait avec succès notre
établissement scolaire au cours de différents championnats
d’Oranie d’Athlétisme. Il évolua très jeune dans l’équipe de
Basket du Sourire de Mascara et deviendra rapidement un
élément majeur de l’équipe fanion.
Infatigable, il enchaînait certains dimanches match de basket
le matin et match de foot l’après-midi sous les couleurs
de l’A.G.S.M. apportant par ses exploits, une renommée
flatteuse à son équipe à travers le département et même audelà.
Loulou a été un sportif de haut niveau, tant par ses qualités
de gardien de but exceptionnel que par ses qualités naturelles
de gentillesse et de modestie.
Avec ses nombreux amis de Mascara et du Canton de Mascara,
je m’adresse à vous, Madame JORRO, et à vos enfants,
pour vous dire combien son souvenir est vivant en
nous, et nous gardons l’image de ses envolées spectaculaires,
de son courage et de la fidélité de son amitié.

Robert KLIFA
45100 - Orléans