Dans les jardins de Mascara
poussent les fleurs du souvenir.
On a effeuillé les pétales de ses trottoirs des ses rues de ses places de ses cimetières
On avait peur…un peu…
On attendait…beaucoup…
On nous a accueillis …passionnément…
On a chacun aimé son village sa ville...à la folie
On n’a pas eu peur…du tout !...
On s’est sentis chez nous
Et comme Candide sages et heureux on a cultivé notre jardin…
Dans les jardins orphelins d’Oran
poussent nos maisons abandonnées
La colère la misère leur ont crevé les yeux
ont cloué nos chants nos rires
aux chambranles disloqués aux vitres explosées.
Sur la route de la corniche la Vierge
a fermé les portes du ciel
Sous un soleil éteint foisonnent
des fleurs en tôles ondulées
sans racines
L’eau qui les arrose
est de larmes et de sang
Dans les fourrés de l’Indépendance
la jeunesse ratisse ses espoirs déçus
ses longues heures désœuvrées…
Mais dans l’avion qui nous ramenait en France
on a senti pousser dans nos cœurs
le petit bois de Saint-André
les Amours endormis du Jardin Pasteur
les lauriers roses de l’Oued-Taria
le maquis des Beni chougran
et on a compris que l’amour est le meilleur des jardiniers
Aline Vignes Cespédes
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